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Vers une joaillerie plus responsable

Réalisé par FABRICE LUNDY ET CAMILLE BOUR

Photos LIONEL GUERICOLAS

*La Terre a un capital d’or estimé à 244000 tonnes, 187000 tonnes ont déjà été extraites dont deux tiers ces 70 dernières années, d’après le World Gold Council.

MANUEL MALLEN :  président de Courbet

Typique de l’urbanisme classique français, la place Vendôme est sans doute l’une des plus célèbres de la capitale. Devenue un lieu mythique et incontournable de la haute joaillerie, s’y établir était une évidence pour Courbet. Lancée officiellement en mai 2018, la maison doit son nom à Gustave Courbet, connu pour son tableau L’Origine du Monde. Un choix qui n’est pas le fruit du hasard puisque le peintre était aussi un révolutionnaire de la place. Un vrai symbole pour la marque qui, depuis ses débuts, bouscule les codes en proposant à la vente des bijoux en or recyclés et des diamants de synthèse conçus en laboratoire.

L’histoire d’une rencontre

À l’origine de cette entreprise, une rencontre entre Manuel Mallen et Marie-Ann Wachtmeister. Âgé de 54 ans, lui, a dirigé des grandes maisons de joaillerie à l’instar de Piaget et de Baume & Mercier. Elle, a un parcours plus éclectique dans des grands groupes de conseil et de produits de consommation avant de se tourner vers le design de bijoux. Des parcours et des profils différents mais une envie commune : celle de faire du beau en faisant du bien à la planète et aux hommes.
Le mentor de Manuel Mallen, Alain Dominique Perrin, fondateur et président de la Fondation Cartier, l’encourage, dès le début: « Il faut créer une marque plutôt que d’en racheter une. » Pour les fondateurs, les défis sont de taille.

La technologie au service de l’écologie

Aujourd’hui, la grande majorité des diamants et de l’or est extraite de mines, dans des conditions qui se font au détriment de l’environnement et des populations locales. C’est la technologie qui va permettre à la jeune entreprise de proposer des bijoux éthiques et écologiques.
En 2017, Manuel Mallen et Marie-Ann Wachtmeister découvrent qu’il est possible de créer des diamants de synthèse parfaitement similaires à leurs homologues naturels d’un point de vue gemmologique. Rapidement, ils décident de s’associer avec Alix Gicquel, chercheuse et présidente de Diam Concept, à l’origine des premiers diamants français. « On reproduit en laboratoire ce que la nature a fait. Le diamant est composé à 100% de carbone. On remet donc le carbone dans les mêmes conditions qu’il y a des millions d’années sous terre », explique le cofondateur. Si une partie de la fabrication est réalisée dans l’Hexagone, ces diamants proviennent également des ÉtatsUnis, aujourd’hui leader dans le secteur.

Le détail est poussé même un peu plus loin, l’or est à son tour recyclé. L’objectif : éviter toute forme d’extraction.
Pour ce faire, la maison de joaillerie fait appel à une entreprise spécialisée dans le recyclage de l’or présent dans les appareils électroniques notamment les smartphones et les ordinateurs.

Pour Manuel Mallen, c’était une évidence : « On en a déjà extrait plus qu’il n’en reste.*» Mais ne croyez pas que la Maison Courbet est uniquement disruptive, elle perpétue des savoir-faire très anciens.
Pour satisfaire la clientèle exigeante, le joaillier a fait appel à des fondeurs, sertisseurs, polisseurs, basés à Paris, à Lyon mais aussi en Italie, à côté de Milan. « Ce sont les mêmes artisans qui travaillent pour les grandes marques de la place Vendôme », souligne le cofondateur. Et d’ajouter : « On n’a pas voulu faire d’économie même si cela coûte cher. » Quatre ans après sa création, la Maison Courbet semble s’être fait une place sur le marché très fermé de la haute joaillerie française.

Un marché en pleine mutation

Après une deuxième levée de fonds de 7millions d’euros en avril 2020, l’entreprise s’est implantée en Chine. De son côté, la clientèle est au rendez-vous, notamment des millennials, très sensibles aux problématiques sociales et environnementales. On est loin des blood diamonds, ces «diamants de sang » qui alimentent les nombreuses guerres livrées en Afrique. Les prix sont généralement plus attractifs en comparaison avec la joaillerie de luxe traditionnelle. « Ils sont tout de même de 30% à 40% moins chers car nous avons moins d’intermédiaires », précise Manuel Mallen. Il faut compter 320 euros pour un bracelet avec un 0,05 carat et 7 900 euros pour une bague avec un diamant de 1 carat. Pour les deux fondateurs, le message est clair :
« L’écologie ne doit pas être punitive sinon elle ne passera pas. »

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