Une entreprise à l’histoire riche
Quel est le point commun entre l’amphore mythique de Dior, un flacon en verre rouge Chanel N°5 ou l’eau de parfum Yves Saint Laurent ? Verescence, le leader mondial du flaconnage de luxe.
L’histoire commence à la fin du XIXe siècle au cœur de cette « Glass Valley » à cheval sur la Normandie et la Picardie autour des forêts alimentant les fours servant à produire le verre. Elle abrite près de trois quarts de la production mondiale de flacons de luxe pour la parfumerie ou les spiritueux. En 1896, Henri Desjonquères crée la première verrerie du groupe à Mers-les-Bains (Somme). Cette usine pratique alors la méthode traditionnelle du soufflé-bouche. Une technique de fabrication vieille de plus de 2 000 ans apparue au Moyen-Orient qui consiste de la part d’un souffleur à introduire de l’air à l’aide d’une longue canne creuse métallique dans une boule de verre en fusion. Chaque modèle était unique.
Le procédé ancestral a été abandonné depuis quatre-vingts ans environ.
Désormais, place à l’automatisation des machines qui permet de fabriquer sur une même ligne de production jusqu’à 100 000 flacons identiques par jour, 100 fois plus qu’avec la vieille technique.
L’entreprise prendra le nom de Verescence en 2016 après avoir pris le large vis-à-vis de Saint-Gobain Desjonquères (SGD), spécialisée notamment dans le flaconnage pharmaceutique.
Depuis les Hauts-de-France, mais aussi depuis Argentan dans l’Orne, ou ses usines espagnoles et américaines, il conçoit et fabrique 600 millions d’unités chaque année pour un chiffre d’affaires de plus de 320 millions d’euros.
Verescence travaille pour les plus grands, et les plus exigeants : Hermès, Dior, Estée Lauder ou L’Oréal dans la cosmétique. « Le processus de développement est assez long. Il demande beaucoup d’échanges, de rencontres car nous sommes dans un niveau d’expertise très élevé sans défaut possible », confie Hélène Marchand, sa directrice générale France.
Les clients du luxe acceptent du verre recyclé
Dans un parfum de luxe, le contenant – la forme ou la couleur du flacon– joue dans le tiers de la décision d’achat. C’est la raison pour laquelle il est important pour ces grandes maisons de se distinguer.
Cette personnalisation du décor se nomme le parachèvement. On y associe différentes techniques : la sérigraphie (palette d’encres), le laquage (revêtement externe), le marquage à chaud, le sablage (projection de grains de sable), ou encore le dépolissage.
« Traditionnellement dans le luxe, la demande des consommateurs était un flacon de parfum lourd – synonyme de qualité. Désormais, ceux-ci recherchent un flacon plus aérien avec davantage de légèreté que par le passé », raconte Hélène Marchand.
Une clientèle prête, y compris dans le luxe, à accepter des flacons qui peuvent à nouveau être remplis et même du verre recyclé. Ce qu’a proposé Verescence à Guerlain pour son soin Abeille Royale avec un pot utilisant 40 % de verre issus du recyclage post-consommation (PCR).
Le verre a cette qualité d’être recyclable à l’infini, sans aucune dégradation de ses propriétés. Il faut dire que cette industrie est une grosse consommatrice d’énergie – les fours chauffent à 1500° et fonctionnent 24 heures sur 24.
Consciente de cette problématique, l’entreprise a bien l’intention de devenir un leader mondial sur le marché de la beauté durable.
Dans un premier temps, la société a remplacé tous ses fours par des lignes modernisées pour les rendre moins gourmandes en énergie, sans oublier la digitalisation de ses usines pour mesurer au plus près ses consommations d’énergie et d’eau.
L’autre activité de Verescence, ce sont les carafes pour cognac et whisky, et aussi moins visibles, moins prestigieux mais très utiles, les isolateurs en verre pour lignes électriques haute tension.
Objectif Asie
Le leader mondial mise de plus en plus sur le marché asiatique. Il vient de faire l’acquisition du verrier coréen Pacificglas, en nouant un partenariat de long terme avec Amorepacific, le géant national de la beauté.
La Corée du Sud n’a évidemment pas été choisie au hasard. Elle servira de tête de pont pour se développer sur le continent asiatique en croissance permanente sur le marché du soin avec l’augmentation de la classe moyenne notamment chinoise.
« Le processus de développement est assez long. Nous sommes dans un niveau d’expertise très élevé sans défaut possible. »