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Télétravail, du rêve à la réalité

Réalisé par ÉTIENNE THIERRY-AYMÉ

Souvenez-vous, c’était le jeudi 12 mars 2020, Emmanuel Macron prenait la parole pour la première fois pour annoncer la fermeture des crèches, des établissements scolaires et des universités, prévue le lundi suivant. Deux jours plus tard, Édouard Philippe, le Premier ministre, annonçait la fermeture des lieux non essentiels.

Les mesures du premier confinement étant, elles, annoncées le 16 mars 2020 « Nous sommes en guerre », avait alors martelé le président de la République lors d’une allocution télévisée restée célèbre. Le début d’une période inouïe, un véritable saut dans l’inconnu se traduisant notamment par la généralisation, pour des milliers de salariés, du télétravail avec comme corollaire des envies d’ailleurs, loin des grandes agglomérations… Trois ans après, entre mythes et réalité, premiers retours d’expérience…

Entre deux allers-retours entre la porte de Montreuil et Amiens, Marie-Gabrielle Dubreuil, 51ans, DRH à la Caisse nationale d’assurance maladie, nous reçoit dans son nouveau chez elle, une jolie maison de ville en briques, à deux pas de la gare d’Amiens. Après presque vingt ans passés en région parisienne, Marie-Gabrielle a quitté Vincennes pour rejoindre la préfecture de la Somme, en août 2022 avec son conjoint et ses deux filles. « Avec le Covid, on ne s’est pourtant jamais autant promené au bois de Vincennes, tout proche de là où on habitait, se souvient la DRH à la CNAM, mais je n’en pouvais plus… » « Au même moment, l’une de mes filles a déclaré un problème de santé. Il fallait que quelque chose change, assure Marie-Gabrielle Dubreuil. Confinement plus coup dur, le voici notre déclic. »

Amiens, une ville qu’elle connaissait déjà bien. Son père en était originaire, sa sœur y habitait. Un an après, Marie-Gabrielle dresse un bilan plutôt positif de son déménagement-emménagement.

D’un point de vue professionnel, « cela n’a rien changé du tout, ou presque », souligne-t-elle. Le presque ? « Cela m’a obligée de beaucoup plus anticiper, avec mes équipes, mon assistante notamment. Je repère les soirs où je dors à Paris, les jours où je peux faire du télétravail, caler des réunions en bilatéral, en visio, ainsi que les réunions en présentiel où ma présence est impérative… Et, si une réunion a lieu tôt le matin, j’arrive la veille: je n’ai pas envie de me stresser et de risquer d’être en retard. En résumé : j’essaie de faire deux jours de télétravail par semaine. Et, si ce n’est pas possible, je suis présente ! »

Point de vue un peu plus mitigé, niveau perso. « Le plus difficile, c’est de laisser les filles. Ma plus jeune me le dit parfois avant de se coucher : “Maman tu ne seras pas là demain.” » On sent que ça tiraille parfois, même si Marie-Gabrielle avoue aussi apprécier ses moments rien qu’à elle. « C’est très agréable d’avoir certaines soirées à soi, un petit côté en transit, léger. » Une transition finalement assez douce entre la capitale et la province. Les soirs où elle est à Paris, elle trouve refuge chez une amie… La suite, comment l’envisage-t-elle? « Je ne sais pas trop encore. On verra bien… »

À la recherche de plus de cohérence

En transit, avec ce sentiment « d’être toujours en train de faire ou défaire sa valise ». C’est aussi ce qu’a éprouvé Christelle Datzenko, 45ans, ex-conseillère en stratégie en communication, à Paris, du moins la première année. Elle qui a quitté Ivry-sur-Seine en août 2021 avec ses deux enfants. Cela l’a même menée à l’épuisement professionnel, en décembre 2022. « La première année, je passais ma vie dans le train. J’avais une nounou qui dormait chez moi pour garder les enfants », se souvient la consultante.

Alors en pleine séparation, Christelle et son ex ont en effet choisi de déménager au même endroit, après avoir visité tous les deux, et sans le dire aux enfants, « entre janvier et mai 2021 », Dijon, Reims, Le Mans, Lyon… « Trop petite, trop éloignée, trop grosse, pas de coup de cœur, etc. » Ce sera finalement Angers.

« J’étais à la recherche de plus de cohérence entre mes valeurs et mon mode de vie, poursuit Christelle Datzenko.
Je cherchais une ville plus humaine, plus proche du vivant. » Mais la préfecture de Maine-et-Loire est surtout un choix pragmatique, rationnel « à une heure et demie de Paris, une ville assez grande, mais pas trop » dans une région, les Pays de La Loire, active sur les questions environnementales, importantes aux yeux de Christelle puisqu’elle se reconvertit aujourd’hui dans le conseil en transition écologique.

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