Une nouvelle étiquette, l’indice de réparabilité, a fait son apparition en 2021 en rayon comme sur les sites de vente en ligne sur une sélection d’articles électroménagers et électroniques (smartphones, ordinateurs portables, téléviseurs, lave-linge à chargement frontal, tondeuses à gazon), complétée fin 2022 par les autres lave-linge, les lave-vaisselle, les aspirateurs et robots.
Un indice complexe, fruit de longues négociations
« Les fabricants ont été fortement mobilisés pendant près de cinq ans pour sa mise en place, explique Anaïs Régnier, responsable développement durable du Groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils d’équipement ménager (Gifam), aux côtés des instances publiques, des distributeurs, des associations…» Cette note sur dix entend encourager les constructeurs à améliorer l’écoconception de leurs produits et aider les consommateurs à identifier les appareils électroniques faciles à réparer, en fonction de différents critères : clarté de la notice, facilité de démontage, disponibilité des pièces détachées… Les fabricants s’attribuent eux-mêmes les notes, mais la DGCCRF est chargée de vérifier leur justesse et de contrôler l’affichage. « C’est un indice fiable dont le calcul est très cadré, tempère Anaïs Régnier, et il est aussi contrôlé par des pairs. Les fabricants ont tout intérêt à le mettre en avant, car dans ce secteur hyper compétitif, c’est un enjeu de concurrence sur les produits d’une même catégorie. Le Gifam est même allé plus loin en créant une plateforme qui recense toutes les notes. » Dans le dernier baromètre de Gifam Insights, 77 % des Français déclarent que cet indice de réparabilité est important, voire déterminant pour acquérir du gros électroménager, contre 72 % pour le petit électroménager. Si les fabricants assurent avoir pris le virage de l’économie circulaire bien avant cette législation, l’indice de réparabilité a permis d’aller plus loin dans la démarche, en allongeant notamment la disponibilité des pièces détachées, aussi bien pour les réparateurs que pour les consommateurs, en intégrant un compteur d’usage, qui comptabilise les heures d’utilisation (ou le nombre de cycles pour les lave-linge) ou encore en améliorant la notice technique pour faciliter la réparation. L’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP), qui a pris part à l’élaboration de l’indice, regrette pour sa part que ce dernier critère (un quinzième de la note finale) n’y soit pas suffisamment valorisé. Ces dispositions ne sont pas sans conséquences pour les fabricants, contraints d’augmenter la surface de stockage des pièces détachées pendant plusieurs années. Quant à l’éventuel surcoût, il dépend de la stratégie de chaque constructeur. « Nous sommes dans un contexte inflationniste avec des paramètres extérieurs qui entrent en jeu, notamment l’augmentation du coût des matières premières, souligne Anaïs Régnier. Si la réparabilité est un sujet incontournable aujourd’hui, il ne faut pas négliger ce facteur essentiel qu’est l’entretien des produits, indissociable de l’allongement de leur durée de vie. Selon l’Ademe, la moitié des pannes et des casses auraient pu être évitées grâce à un bon entretien. Nos fabricants ont donc conçu des guides spécifiques délivrant des conseils en ce sens. » D’ici à la fin de l’année, le dispositif évoluera vers un indice de durabilité, qui prendra en compte la fiabilité et la robustesse du produit. Une étude de l’Ademe démontre que « si la durée de vie moyenne en France de l’ensemble des télévisions était augmentée d’un an, passant de huit à neuf ans, le gain environnemental serait de 1,7 million de tonnes de CO2, soit les émissions annuelles d’une ville comme Lyon ». Selon cette même étude, prolonger d’un an la durée de vie totale de chacun de nos appareils multimédias et électroménagers nous permettrait d’économiser jusqu’à 963 euros en dix ans.