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Presque un demi-siècle et toujours moderne !

Réalisé par Fabrice Lundy et Dorothée Blonde

Photos LIONEL GUERICOLAS

Nées sous François Ier ! les Fonderies de Sougland dans l’Aisne fabriquent acier et fonte en pensant innovation et durabilité.

Yves Noirot :  Directeur Général - les Fonderies de Sougland

Il est rare qu’on vous parle d’une entreprise datant du XVIe siècle. C’est la plus ancienne des Hauts-de-France, à Saint-Michel dans l’Aisne : les Fonderies de Sougland, nées en 1543. Elle fut l’une des attractions de la Foire de Hanovre l’an dernier car les Allemands, qui ont des ETI de 200 ans au plus, étaient curieux de sa longévité. Longévité que Yves Noirot, son directeur général, explique par « sa capacité à se transformer régulièrement. Il y a un siècle nous fabriquions des poêles en fonte émaillée ». Aujourd’hui, l’entreprise, aux mains de Florence Lang, fabrique des pièces d’acier et de fonte allant de quelques centaines de grammes à plus de 2 tonnes pour la sidérurgie, la robinetterie, le ferroviaire, l’automobile, la construction navale. Plus de 1 500 références destinées à des clients tels que ArcelorMittal ou l’US Navy. 20 % des ventes sont réalisées à l’export. Chacune est produite en petite et moyenne séries, avec un savoir-faire d’exception sur cinq lignes de production : soit en moulage à la main, grâce aux compagnons maîtres artisans, soit sur des lignes de production semi-automatisées. Yves Noirot n’est pas peu fier : « Produire à la fois de l’acier et de la fonte nous confère un atout en matière de souveraineté ! » Au total, les Fonderies maîtrisent plus de 300 alliages fonte et acier, ce qu’on appelle des nuances. On a beau fêter ses 480 ans, ce n’est pas une raison pour ne pas épouser les transformations du moment. « Aujourd’hui, dans cette manufacture, on opère des simulations avec des outils modernes afin d’être compétitifs. Place au prédictif avec ce logiciel qui va apprécier la façon dont le métal qui fond à 1 500° va réagir, et donc limiter le nombre de prototypes. »

Une semaine de 4 jours seulement

7 % du chiffre d’affaires part à la recherche. « J’ai décidé il y a dix ans de faire de la R&D en interne : on est offreur de solutions avant d’être manufacturier », raconte Yves Noirot. Sougland se positionne de plus en plus comme un apporteur de conseils pour un client qui a des contraintes dans son activité – durabilité, corrosion, poids, taille des pièces – en lui proposant du sur-mesure. « Made in France, innovation et protection de la planète, voilà le triptyque qui fait la force de Sougland », insiste-t-il. La défense de l’environnement justement, important quand on coule 1 500 tonnes chaque année dans des fours qui fonctionnent à l’électricité, qui comme le gaz, a connu une flambée des prix depuis la guerre en Ukraine. Pragmatique, Yves Noirot a proposé à ses 60 salariés de faire en quatre jours ce qui se faisait en cinq, afin de réduire la consommation. « Banco ! », ont-ils répondu. Et le patron s’en félicite : « Les équipes motivées ont trois jours de week-end. J’ai économisé sur mes dépenses énergétiques. On a gagné aussi en qualité de vie, en productivité +3 % et on a réduit l’absentéisme déjà faible. Bref tous gagnants ! »

Les clients et les collaborateurs s’y précipitent

Ce tournant vers la transition énergétique est mené quasi quotidiennement. Parmi ses dernières innovations : un barreau – une barre de 10 cm de large sur 35 cm de long pour des chaudières de biomasse fonctionnant au bois et à la luzerne, qui résiste à la corrosion et qui dure plus longtemps. Un ingénieur qui s’occupe de l’environnement à 100 % au sein de la PMI a été recruté, il y a quatre ans déjà. Accélération également en direction de l’économie circulaire : « On a créé le projet Refonte qui consiste à racheter les pièces usagées à tous nos clients afin de les refondre. » Selon les alliages, de 5 % à 100% de la matière peuvent être recyclés. « Nous sommes très engagés dans la remise en mouvement de l’industrie française. J’aime faire découvrir notre usine aux jeunes », explique celui qui est un ambassadeur très actif de la French Fab. Des jeunes, et des moins jeunes, qui le lui rendent bien. Son image attire des clients et également des talents en Thiérache, dans l’Aisne. « Pour les techniciens et ingénieurs, pas besoin de chasseurs de tête », se félicite Yves Noirot. Quant aux ateliers, l’entreprise a pu attirer dans un « métier dur mais attractif » grâce à la semaine de quatre jours, la prime de partage de la valeur mise en place en 2023 et les nombreux prix RSE gagnés ces derniers mois, sur les trois parties – sociale, sociétale et environnementale.

« Made in France, innovation et protection de la planète, voilà le triptyque qui fait la force de Sougland. »
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