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Plus durable, plus vivable, 24h dans la ville du futur

Réalisé par ÉTIENNE THIERRY-AYMÉ

Photos nerea-marti-sesarino / unsplash

2030, cela peut paraître loin mais c’est déjà demain. Comment vivrons-nous à la fin de la décennie ? Comment travaillerons-nous ? Comment nous déplacerons-nous ? Comment nous soignerons-nous ? Dans la ville ou plutôt les villes du futur. Logement, mobilités, travail, éducation, loisirs, santé…

Place ici à un peu de prospective avec trois scénarios dans trois villes du futur, afin d’anticiper ce qui nous attend. Vous suivrez pour cela, la journée d’Ermance, célibataire à Paris ; de Titouan et Léa, parents de deux adolescents à Avignon ; et de Maëlen et Élory, jeunes retraités établis à Loudéac, dans les Côtes-d’Armor au cœur de la Bretagne. Rendez-vous donc le jeudi 24 octobre 2030.

ERMANCE, 28 ANS, CÉLIBATAIRE,

HABITE UN T2 À PARIS, DANS L’ÉCOQUARTIER CLICHY-BATIGNOLLES, ET TRAVAILLE À SAINT-OUEN, DANS LE NOUVEAU QUARTIER CARREFOUR PLEYEL, À DEUX PAS DE L’ANCIEN VILLAGE OLYMPIQUE. DEUX QUARTIERS ENTIÈREMENT MÉTAMORPHOSÉS EN DIX ANS.

6h, en ce jeudi matin. Trois fois par semaine, Ermance a pris pour habitude, avant de se rendre à son travail, de débuter sa journée, très tôt, par 30 minutes de jogging, au cœur du vaste parc Martin Luther King de 10 hectares, l’un des nouveaux poumons verts de la capitale.

AirPods dans les oreilles, les joues rosies par l’effort, Ermance accélère, au son de Septèmes, le nouveau tube de Clara Luciani. Ce matin encore, Ermance n’est pas tout à fait seule à courir… Il faut dire que, malgré les nouvelles restrictions, les températures ont continué de monter tout au long de la décennie. Et, il n’est pas rare désormais qu’elles frisent les 30 degrés à Paris, même en plein automne.

Ermance habite, depuis deux ans, au 4e étage d’un petit immeuble de l’écoquartier Clichy-Batignolles, dans le 17e arrondissement où les ultimes travaux se sont achevés en 2025. Non loin de là, un bâtiment de 160 mètres de haut, conçu par l’architecte Renzo Piano, abrite le Tribunal de Paris.

Matériaux durables et recyclés, béton biosourcé, bois, chanvre… en regardant tous les immeubles alentour, on peine à deviner qu’ici encore se dressait, il y a vingt ans, l’ancienne friche industrielle et ferroviaire des Batignolles, tant cet écoquartier mêle aujourd’hui harmonieusement logements, activités, commerces et loisirs. Un exemple réussi de mixité sociale et fonctionnelle, de sobriété énergétique aussi avec des bâtiments peu énergivores, bien isolés, et par conséquent économes en carbone… Un quartier qui accueille désormais 7 500 habitants et 12700 emplois. La végétation est partout.
La jeune femme projette d’y faire sa vie.
Elle ne rêve aujourd’hui que d’une chose : y trouver un job pour réduire encore un peu plus ses temps de transport…

Sa montre connectée lui rappelle son planning de la journée, notamment aujourd’hui une téléconsultation à l’heure du déjeuner : son généraliste souhaitant vérifier, si, avec son asthme, Ermance devra être revaccinée contre l’épidémie de Covid qui revient désormais chaque année. Ermance remonte, à petites foulées, l’allée boisée qui la conduit au seuil de son immeuble… Ouf-ouf, ouf-ouf, ouf-ouf…
Ermance lève la tête. Plus besoin de « vigik », de composer un code, ni d’appuyer sur un bouton: grâce à la reconnaissance faciale, les portes de l’immeuble et de l’ascenseur s’ouvrent automatiquement devant ses pas, comme pour celles de son appartement. Grâce aux capteurs et à la domotique, le studio adapte la luminosité et la température à l’aide de l’un des différents scénarios préétablis par la jeune femme. Comme 70 % des Français, elle est majoritairement chez elle car en télé- travail. Il est programmé que les rideaux automatiques resteront tirés un peu plus longtemps ces jours-là et Ermance pourra ainsi se lever un peu plus tard.

7h30. Aujourd’hui, Ermance se rend à son entreprise. À peine le temps de prendre une douche, d’enfiler une robe, prendre son petit-déjeuner, et de chausser ses baskets biosourcées. Elle file direction le quartier du nouveau Carrefour Pleyel. Elle a désormais l’embarras du choix : la ligne 14 du Grand Paris Express, qui s’étire jusqu’à Saint-Ouen, le RER C, le tramway 3B qui encercle le nord de la capitale, dont les stations ont été entièrement végétalisées. Sans compter les nouvelles offres de mobilités douces ou actives : trottinettes solaires, vélos à assistance hydrogène, etc.

À deux pas du site de l’ancien village des JO de 2024, les bureaux flambant neufs de son agence de com’, qui mêlent bois et larges baies vitrées, sont situés dans l’ombre de la nouvelle tour Pleyel qui abrite, depuis peu, un hôtel étoilé. La tour de 129 mètres de haut surplombe une forêt urbaine de milliers d’arbres. À son sommet, une piscine panoramique offre une vue imprenable sur le Sacré-Cœur et Montmartre. Après une réunion dans le métavers de son entreprise avec des collègues basés en Asie et en Amérique du Nord, Ermance enchaîne rencontres et entretiens tout au long de la journée. Elle n’oublie pas néanmoins de préparer sa soirée. Rendez-vous est en effet fixé avec des amis au National Express, dans l’ancienne gare routière de la porte de Bagnolet qui réunit, désormais dans ses murs, un tiers-lieu, une salle de spectacle, une autre de cinéma. C’est le nouveau quartier à la mode. Et c’est d’ailleurs pour cela que Netflix y organise son Festival du cinéma immersif.

Ermance s’y rendra à vélo, c’est décidé ! Pour ce faire, elle tapote sur son smartphone et réserve une « Bicyclette » [ndlr : à prononcer à l’anglaise], qu’elle se fera déposer par un des concierges de Byclo, le nouveau service de mobilité qui cartonne dans la capitale. Pour sortir de son quartier, ce qu’elle ne fait pratiquement plus, Ermance emprunte le périphérique. Sa montre connectée lui indique en effet que c’est l’itinéraire idéal pour se rendre à Bagnolet, en toute sécurité, depuis chez elle.

Le périphérique à vélo? Oui! Après s’être attaquée à la sécurisation des carrefours et des différentes portes de la capitale, la séparant de la métropole, la mairie de Paris s’est réapproprié peu à peu l’ancienne « zone » coupant la capitale de sa périphérie, végétalisant et réaménageant progressivement le périphérique. Le « Périph » est désormais devenu « vert », et entièrement dédié aux transports en commun, aux voitures propres, au covoiturage.
Une file étant même réservée exclusivement aux vélos! Minuit approche, c’est déjà l’heure de rentrer. Ermance commande un vélo taxi sur sa montre connectée. Il la ramènera chez elle à bon port. Mais, demain, vendredi, est déjà un autre jour.

TITOUAN ET LÉA, 40 ANS, EN COUPLE,

HABITENT UN T4 DANS L’ÉCOQUARTIER DE BEL AIR À AVIGNON. ILS ONT DEUX ENFANTS SCOLARISÉS DANS LE COLLÈGE QUI A OUVERT SES PORTES DANS CE NOUVEAU QUARTIER.

Avec le réchauffement climatique, il fait de plus en plus chaud à Avignon : l’été indien ou plutôt méditerranéen s’étire dorénavant jusqu’à la mi-novembre. Et, en ce mois d’octobre 2030, il n’est pas rare que, dans la préfecture du Vaucluse, les températures avoisinent désormais les 35 degrés.

Ce matin du 24 octobre, Titouan, Léa et leurs deux enfants se réveillent dans leur maison de Bel Air.

Faire corps avec la nature, retrouver une juste place dans un quartier respectueux de l’environnement, voici les raisons qui ont poussé Titouan et Léa à s’installer, il y a trois ans, dans l’écoquartier de Bel Air, situé à mi-chemin entre le centre-ville d’Avignon, et le technopôle Agroparc.

Bel Air ? Une zone d’aménagement concertée d’environ 100000 mètres carrés, constituée aujourd’hui d’environ 1000 logements (individuels, groupés ou intermédiaires) ; de commerces, d’équipements scolaires (privés et publics) dont le collège des deux enfants du couple, Lucas et Louise ; ainsi que d’une extension du campus de la CCI où travaillent Titouan et Léa, tous les deux formateurs, en parallèle de leurs activités dans le commerce de détail.

Bel Air fut le premier quartier à afficher le label quartier durable méditerranéen (QDM). Et les architectes ont dû répondre aux exigences de son cahier des charges.

Les haies de cyprès, élément incontournable du paysage vauclusien, autrefois plantées pour protéger les parcelles agricoles du mistral, constituent une trame très dense qui s’intègre très bien dans cet écoquartier. « Les haies sont l’identité du lieu. Elles ont un rôle bioclimatique de protection du vent. Elles sont très structurantes pour l’organisation des parcelles, leur orientation », explique Christian Devillers, l’architecte-coordinateur du quartier. Et de poursuivre : « Ce projet urbain s’inscrit parfaitement dans cette trame paysagère. » Les bocages existants ont ainsi permis de délimiter naturellement les parcelles, les habitations…
La structure urbaine du quartier est ainsi formée, non plus d’îlots, mais de « chambres arborées » dont la composition respecte les éléments en présence – la haie, son ombre, le vent, le soleil, les canaux… –, et de « chambres végétales » reliées entre elles par une voie principale traitée en zone douce et partagée, maillée d’un réseau de sentes piétonnes qui empruntent les anciens chemins agricoles.
Panneaux solaires, géothermie… le promeneur découvre aussi à Bel Air des ambitions particulières en matière de recours aux énergies renouvelables, avec plus de 50 % de l’énergie consommée pour l’ensemble des besoins du quartier (éclairage public, signalisations, etc.), ainsi que la première expérience d’autoconsommation photovoltaïque collective.
Le site expérimente en outre le développement d’une micro-agriculture urbaine, grâce à laquelle les résidents peuvent cultiver, jardiner, partager leur récolte avec leurs voisins. Et, pour remplir les besoins en eau et traiter les rejets des habitants, les architectes ont imaginé un système novateur de gestion des eaux pluviales et des eaux usées. Un écoquartier pas encore tout à fait achevé aujourd’hui puisque les dernières constructions devraient être terminées au mieux en 2035. Côté logements, on retrouve des jardins au rez-de-chaussée mais aussi des terrasses végétales aux étages supérieurs. Avec le développement, pour la première fois à Avignon, d’un habitat résolument moderne, en individuel superposé. L’idée étant de faire émerger une ville à la campagne en sortant des traditionnels lotissements qui ont tant dégradé les paysages périurbains… Les habitations étant conçues selon des principes d’architecture bioclimatique. Bref, à Bel Air, « il y a les avantages de la ville et l’esprit de la campagne », résume Léa, en contemplant le paysage depuis la terrasse qui enserre le T4 familial.

Comme tous les matins, les enfants prennent la direction du collège à vélo.
Sans crainte, Titouan et Léa enfourchent eux aussi le leur, direction la CCI. Parents et enfants se séparent en haut d’une petite sente… Ils se retrouveront avec d’autres parents et des amis, à midi pour pique-niquer sur l’une des tables en bois du jardin partagé, en plein cœur du quartier. La tradition de fin de semaine de la famille depuis qu’elle habite ici. Outre le respect de l’environnement, la famille a choisi Bel Air pour sa convivialité, son esprit village, et surtout pouvoir se déplacer dans un endroit apaisé, tranquille, dans lequel tout est à portée de bicyclette, ou faisable à pied, en toute sécurité… Les mobilités douces – piétons, vélos… – ont en effet été, dès la création du quartier, au centre du projet. Tout Bel Air étant aujourd’hui en zone 20. Et, même si Léa et Titouan ont conservé une voiture individuelle, qu’ils rechargent de temps en temps sur les bornes partagées disponibles dans le quartier, ils ne l’utilisent que très occasionnellement. Et certainement plus pour effectuer les trajets du quotidien! Titouan et Léa partagent une familiale 100 % électrique avec deux autres couples de leurs voisins. Ils n’ont d’ailleurs pas eu trop le choix, le prix des voitures ayant continué à grimper. Et, outre le fait que les motorisations thermiques seront bientôt interdites de circuler dans toute l’Europe (en 2035), pics de pollution ou pas, la nouvelle zone à faible émission (ZFE) d’Avignon n’autorise plus que la circulation des véhicules électriques tout au long de l’année.

MAËLEN ET ÉLORY , 70 ANS, JEUNES RETRAITÉS,

HABITENT DANS UNE FERME RÉNOVÉE AU NORD DE LOUDÉAC, AU CŒUR DES CÔTES-D’ARMOR, EN CENTRE BRETAGNE.

Pour attirer les nouveaux habitants, la revitalisation des petites villes et des villes moyennes (moins de 20 000 habitants) est, de longue date, un des objectifs partagés par les municipalités, les collectivités locales et l’État. C’est ainsi qu’à Loudéac (10500 habitants aujourd’hui, à peine 10000 en 2020), la ville a cherché, très tôt, à redynamiser son centre-ville. Loudéac n’échappant pas au mouvement de fragilisation des centres-villes en France.

Changer le regard sur la ville, la faire exister en tant que ville centrale sur son territoire et dans l’armature urbaine du Centre Bretagne, tels ont donc été, dès 2010, les objectifs des différentes équipes municipales, conduisant il y a tout juste dix ans Loudéac à être sélectionnée parmi les 130 communes de Bretagne du dispositif « Petites villes de demain ». Un programme visant à conforter le rôle structurant de ces « petites villes où il fait bon vivre » en les aidant à devenir ou redevenir des villes attractives dans leur territoire, « dynamiques et respectueuses de l’environnement ». Avec, entre autres, au programme à Loudéac : la revitalisation et la rénovation du centre-ville, la mise en place d’une nouvelle signalétique pour guider piétons, cyclistes ou automobilistes, le déploiement d’une application mobile pour aider les commerçants…

Avec aussi : la mise en conformité pour les personnes à mobilité réduite (PMR), l’aménagement de zones 20 et 30, ou encore la rationalisation des stationnements en centre-ville.

C’est notamment pour ce dynamisme que Maëlen et Élory ont décidé, en 2025, de s’installer, la retraite venue, à 68 ans, à Loudéac. Un retour aux sources pour ces deux « Bretons » de Paris qui ont effectué toute leur carrière dans la restauration.

En prévision de leurs vieux jours, ils y avaient acheté, à quelques encablures du centre-ville, une ancienne ferme rénovée, coincée entre la zone pavillonnaire et la zone commerciale située au nord de la ville, le long de la N164. Un corps de ferme qu’ils ont, en 2027, décidé de faire entièrement isoler. Il y ont installé une borne de recharge pour le véhicule électrique, et l’ont doté d’un chauffage géothermique.

Depuis leur arrivée, Loudéac a continué de changer… en particulier la zone d’activité à proximité. Les bâtiments, tout comme les vastes parkings bitumés, y ont par exemple été largement végétalisés.

Les usages de la zone commerciale ont, eux aussi, évolué. Au-delà des voitures, quasi toutes électriques, on y croise de plus en plus de vélos : cargos équipés de remorques, de plateaux… Et, plusieurs pompes de la station-service ont laissé la place à des bornes de recharge électrique.

Sur le parking sont rangés plusieurs composteurs. Là où se rend d’ailleurs Élory, ce jeudi matin, en voiture avec ses déchets « verts » de la semaine. Pour rappel, le compostage des biodéchets est en effet obligatoire depuis 2024 pour les particuliers.

Enfin, si la galerie commerciale abrite toujours les commerces, on y trouve désormais des espaces de loisirs, de travail… avec une salle de sport, un espace de coworking ainsi qu’une maison médicale, là où Maëlen se rend ce matin même pour sa séance de kiné hebdomadaire. Une maison médicale dotée, outre le cabinet d’un généraliste, d’une cabine de téléconsultation augmentée qui permet d’avoir accès à certains spécialistes du CHRU de Brest et du CHU de Rennes.

En centre-ville, le couple aime aussi à déambuler, notamment le samedi matin et profiter du marché hebdomadaire, avenue des Combattants. Après avoir stationné leur voiture sur l’un des différents parkings relais, la traversée du cœur de ville s’effectue très simplement, en suivant le « parcours piétons », bien balisé, qui reprend le réseau de venelles de l’ancien village, favorisant ainsi la pratique de la marche à pied.

En cet automne 2030, on trouve également, à Loudéac, de nombreuses actions, comme tout au long de l’année, en faveur de l’environnement. La protection et la valorisation de la nature ayant été un autre axe de développement de la ville. Dès 2014, notamment via le projet « zéro phyto ». L’objectif général affiché étant d’envisager l’ensemble des nouveaux aménagements via « le prisme du développement durable ».

Ce qui s’est traduit concrètement par une protection des milieux naturels, la plantation de 300 arbres chaque année… Les espaces verts ont également fait évoluer les 80 000 mètres carrés de massifs de la ville avec des plantations à forte concentration de vivaces, permettant de réduire la consommation d’eau et de diminuer les interventions d’entretien…

Un objectif de développement durable qu’on retrouve également derrière la réduction des consommations d’énergie (gaz, électricité, fuel), le passage aux LED ou encore la réduction des consommations d’eau potable… Avec, à chaque fois, une très forte implication des citoyens dans la politique environnementale de la ville. Cela fait partie aussi d’ailleurs des raisons qui ont convaincu Maëlen et Élory de s’établir à Loudéac.

Au-delà du parc de loisirs Aquarev, 30 hectares ont été aménagés autour d’un large étang, à l’est du centre-ville : Élory aime y taquiner le sandre tandis que Maëlen profite du parcours sportif.
Comme chaque année, ils participeront aussi au traditionnel concours de maisons fleuries. Les deux sexagénaires se félicitent du partenariat de la ville avec l’association Vert Le Jardin qui a notamment permis d’ouvrir et végétaliser plusieurs espaces municipaux, comme les cours des bâtiments scolaires (écoles, collège…).
Un moyen simple de lutter contre les îlots de chaleur. Ils apprécient également l’association Les Incroyables Comestibles qui permet aux Loudéaciens aujourd’hui de cultiver et récolter leurs légumes. Sans oublier les bacs de plantation qui parsèment la ville. « Bref, Loudéac, c’est un peu un village à la ville », déclarent Maëlen et Élory, de concert en souriant.

 

 

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