Sur sa façade, les initiales M. A., celles des fondateurs Maurice et Alphonse Castex qui, au départ en 1870, choisissent de s’orienter vers la récupération de produits usagés tels des chiffons ou des sous-produits animaux : peaux, soies de porc pour les pinceaux, laine pour les matelas et bien sûr les plumes – car on est au pays du foie gras ! « L’idée, c’était de faire du recyclage, déjà, en faisant la tournée des fermes », explique Raphaële de Guillebon la directrice générale – 5e génération. Des matières utilisées pour confectionner des oreillers et des édredons.
Presque un siècle plus tard, la Manufacture Castex se spécialise dans le lavage de la plume et la confection d’articles de literie. Avec l’émergence de la vente par correspondance, l’entreprise familiale développe une production de matelas de laine et de sommiers pour La Redoute, les 3 Suisses ou encore Tréca. En parallèle, elle fournit des coussins de canapé, des poufs ou des galettes de chaises, aux tapissiers et décorateurs. Elle devient alors un acteur reconnu dans son secteur.
Le digital au service de la tradition centenaire
Mais c’est l’essor de la couette, dans les années 80, qui sous l’influence des pays scandinaves, s’installe dans la chambre des Français, et qui va bousculer la production. Grâce à son savoir-faire dans le traitement des plumes et des duvets, l’entreprise dacquoise se lance dans la fabrication de produits en duvet haut de gamme et d’édredons de luxe pour répondre à la demande des consommateurs.
Une fabrication locale totalement :
les plumes issues des abattoirs voisins sont travaillées et exportées vers l’Asie, les duvets servent au garnissage des articles.
Chaque couette est remplie au gramme près. «La remplisseuse pénètre, avec un tuyau, carreau par carreau. Un petit ordinateur de bord va calculer la quantité de duvet à mettre dans chaque carreau afin d’avoir une répartition homogène de la matière », détaille avec passion Béatrice Nalpas-Cala, la directrice des opérations.
La force de cette entreprise repose en effet sur sa capacité à s’adapter à son époque, spécialement grâce à la transformation numérique qu’elle a opérée. Une mission qui a été confiée à la directrice des opérations lors de sa prise de fonction: « On est une vieille dame, mais en même temps, on se positionne désormais comme si on était une digital native vertical brand (DNVB). On a une approche purement digitale sur un savoir-faire qui, lui, a plus de 150 ans. » L’entreprise centenaire compte accélérer sur ce terrain avec l’accompagnement de la région Nouvelle-Aquitaine et de son programme Usine du Futur sur tous les investissements au niveau organisationnel et logiciel.
Plus de bio et de naturalité
L’évolution des besoins des consommateurs n’a pas freiné l’entreprise. Castex a longtemps fourni ses articles à des sous-traitants comme Steiner ou Ikea.
Elle continue de vendre en marque blanche à des entreprises françaises. Mais depuis une dizaine d’années, la manufacture a lancé sa propre gamme – du premium – arborant une plume bleue toute simple au cœur d’un oreiller stylisé.
« La Manufacture a perdu les marchés des professionnels qui ont délocalisé, ce qui a justifié le fait de fabriquer nous-mêmes des produits de literie garnis », raconte la directrice générale. Pari gagnant puisque les ventes se sont envolées à environ 3 millions d’euros sur cette partie de l’activité. Castex c’est un magasin d’usine à Dax, mais également une boutique en ligne. Comptez un prix moyen de 250 € mais ça peut aller au-delà pour du king size voire du sur-mesure, par exemple une couette ronde !
Et pourtant des vents contraires soufflent sur l’activité de traitement de la plume comme la grippe aviaire. Il a donc fallu diversifier la collecte des plumes, son métier d’origine, et leur commercialisation à l’international même si la guerre en Ukraine n’a pas facilité la tâche.
Si la transformation digitale a été bien menée, la transition environnementale n’a pas été oubliée par la Manufacture Castex et ses 18 employés. Depuis 2020, l’entreprise s’est orientée vers des produits bio et vers plus de naturalité. « On a basculé la totalité de nos gammes en 90% duvet sur une enveloppe en coton bio. Le packaging est totalement recyclé, recyclable et nous sommes labellisés Oeko-Tex® 100, label qui montre qu’il n’y a pas de produits chimiques nocifs pour la santé et l’environnement. »
« On est une vieille dame, mais on se positionne désormais comme si on était une digital native vertical brand. »
