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Économie Energie/Environnement Société

Dessine-moi la ville low-tech

Réalisé par ÉTIENNE THIERRY-AYMÉ

« C’est quoi une ville low-tech ? » Cette question nous l’avons posée aux deux principaux spécialistes du sujet aujourd’hui en France, l’architecte et urbaniste, Nils Le Bot, qui s’intéresse à la prospective urbaine depuis une bonne dizaine d’années, et Cristina Lopez, économiste de l’environnement, qui étudie notamment les confluences entre technologie, économie et croissance verte.

Nils Le Bot et Cristina Lopez : deux experts à qui l’on doit en partie la conceptualisation de la low-tech appliquée à la ville. « La ville low-tech » ? Un concept ou plutôt le produit d’un nouvel urbanisme, « l’urbanisme de discernement », expliquent les chercheurs. En amont comme en aval, une démarche systémique qui cherche à repenser la ville dans un environnement plus global, un contexte de ressources finies, et vise à replacer les justes besoins humains au centre de l’urbanisation… Un utopisme ? Un pragmatisme ? Bientôt une réalité ? « low-tech », littéralement basses technologies ou « technologies douces », deux mots pour désigner des objets ou des services qui intègrent la technologie selon trois grands principes, une technologie « utile, accessible, durable », souligne le Low-tech Lab, le programme de recherche et de documentation qui, depuis dix ans, recense et partage les initiatives en matière de technologies low-tech (lowtechlab.org) afin de donner à chacun l’envie et les moyens « de vivre mieux avec moins ». La « low-tech », une philosophie qui s’est d’abord construite par opposition au « high-tech », mais qui n’est pas en soi technophobe, puisqu’elle se veut avant tout une démarche critique vis-à-vis de la technologie, en posant le principe du discernement et de l’utilisation optimale des technologies…

Le principe du discernement

Une démarche de plus en plus présente dans nos vies, au travers notamment des mobilités douces, avec la pratique du vélo ou encore de la trottinette, ainsi que dans nos modes de consommation, avec l’essor du Do it yourself, de la seconde main… Une démarche qui permet de « concilier la fin du monde, en termes de crise climatique, et la fin du mois, en termes de pression économique sur les ménages », estime Jacques Tiberi, le rédacteur en chef du Low-Tech Journal (lowtechjournal.fr) qui a publié fin 2023, un petit guide* de 150 pages très accessible « pour tout comprendre ou presque à la sobriété technologique. » Outre les technologies, la démarche low-tech peut dorénavant s’appliquer à nos villes. Même si, « la ville low-tech, proprement dite, n’existe pas », souligne l’architecte et urbaniste, Nils Le Bot, pourtant l’un des grands artisans de sa conceptualisation, au sein de l’Arep, l’agence pluridisciplinaire, filiale de la SNCF, spécialisée en conception, ingénierie et conseil urbanistique. Le responsable de la coordination de la recherche de l’Arep, de distinguer en effet entre « absolu », c’est-à-dire le concept de ville lowtech lui-même, et « sa mise en œuvre », sa traduction concrète qui passe par « un urbanisme de discernement ».

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