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Shopopop, le covoiturage de la livraison

Réalisé par Fabrice Lundy et Dorothée Blonde

Photos LIONEL GUERICOLAS

Pourquoi ne pas mettre un colis dans le coffre de la voiture au moment de déposer les enfants à l’école ? Préserver la planète, rendre service et amener du lien social aux plus isolés. C’est le pari gagnant de cette start-up qui fête ses 10 ans en 2025.

JOHAN RICAUT :  cofondateur de Shopopop

C’est une histoire nantaise devenue européenne : celle de Shopopop qui réinvente depuis presque dix ans la livraison à domicile. Au départ, il y a ce constat que chacun peut partager : chaque jour, des millions de personnes utilisent leur véhicule, pour aller travailler, visiter un parent, ou emmener les enfants au sport. Pourquoi ne pas profiter de ces trajets pour livrer des commandes préparées par des commerçants à destination de clients ? « S’intéresser à la livraison du dernier kilomètre, mais surtout redonner du sens aux déplacements du quotidien. Nous avons réussi à faire le lien entre les deux, explique fièrement son cofondateur. Les commerçants prennent conscience que le cotransportage est un indispensable pour continuer la livraison à domicile, les consommateurs agissent pour une société plus responsable. »

« Shopopop, c’est le digital qui recrée du lien en faisant naître une forme de solidarité entre les individus.»

150 000 « shoppers » en France

Johan Ricaut fonde Shopopop, avec un autre étudiant en école de commerce, Antoine Cheul, qui ramenait d’Inde le concept des « dabbawallahs » des livreurs de repas, en l’adaptant à notre continent sous la forme du covoiturage appliqué à la livraison de paquets. Le principe : le client passe commande sur le site de l’un des 6 000 commerçants partenaires, le fait savoir en ligne et un cotransporteur récupère le colis en magasin pour l’acheminer au consommateur. Depuis 2015, plus de 10 millions de livraisons ont été effectuées. Shopopop se rémunère auprès des magasins à travers la mise en relation entre le consommateur et l’utilisateur appelé parfois « shopper » — ils sont plus de 150 000 cotransporteurs en France — qui reçoit entre 5 et 8 € par course. Il effectue en moyenne de six à dix livraisons par mois. La seule limite fixée, c’est de ne pas dépasser un plafond fixé à 3 000 € sur une année civile « pour qu’ils ne se professionnalisent pas », rassure Johan Ricaut qui assume parfaitement tous les comparatifs qu’on lui fait, « l’anti-Deliveroo ou le BlaBlaCar de la livraison ».

« Shopopop, c’est le digital qui recrée du lien en faisant naître une forme de solidarité entre les individus. De ce point de vue, leurs cofondateurs incarnent cette nouvelle génération d’entrepreneurs qui veulent donner du sens au business » : compliment de Ronan Le Moal, le président de Épopée Gestion (actionnaire de Shopopop), qui fit figurer les cofondateurs de la jeune société nantaise dans le classement « Épopée Les 40 » des 40 entrepreneurs de moins de 40 ans qui font l’ouest de la France.

Rompre le sentiment d’isolement

Et Johan Ricaut de raconter avec émotion comment des parents ont pu payer une sortie à leurs enfants grâce aux revenus de cette livraison collaborative, ou des cotransporteurs qui ont retrouvé une ancienne institutrice en déposant chez elle une commande, ou enfin Philippe l’un d’eux qui témoigne qu’il fut la seule visite de la semaine au domicile d’une personne en ruralité ! Un service de livraison qui recrée donc du lien social. On est loin de Getir, acteur de la livraison ultra-rapide, ou de ces dark stores, qui ont l’un et l’autre connu des revers en France. « Pas étonnant, justifie le cofondateur de Shopopop. L’équilibre économique ne pouvait pas tenir, de même que le modèle qui consistait à transformer nos centres urbains en quartiers fantômes avec des armées de scooters qui attendent. » Trois millions de livraisons ont été effectuées en 2023, l’année de la rentabilité. Shopopop, « une belle aventure et un concept efficace, pour cette jeune pousse qui fait partie de l’écosystème de notre partenaire SprintProject et qui évolue dans le giron de France Supply Chain », constate Yann de Feraudy, le président de l’association, référence du secteur. Le Nantais, qui réalise 90 % de son activité dans l’Hexagone, s’est lancé au Benelux, en Espagne, en Italie. Il continue de tisser sa toile, en recrutant de nouvelles marques. « Dans un premier temps, nous avons pu nous adosser avec des enseignes qui ont une couverture complète du territoire comme U, Auchan, Leclerc ou Carrefour et nous continuons avec elles, précise Johan Ricaut. Désormais, nous nous ouvrons à d’autres activités comme le textile ou le bricolage. » Il a signé avec plus de 2 000 nouveaux commerçants partenaires, dont des fleuristes comme Interflora et Florajet. Shopopop couvre à date 27 000 communes de France (dont des villages), L’objectif qu’elle se fixe n’en sera bientôt plus une, c’est de devenir « un acteur de la transition écologique et la référence européenne de la livraison dernier kilomètre responsable à horizon 2027 ».

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