Au départ, en 1859, c’est une herboristerie créée par le botaniste Joseph Rumillet-Charretier. Son cousin, Victor Pagès, la fera évoluer quelques décennies plus tard en un fabricant et distributeur de boissons chaudes et froides. En plus d’un siècle, le groupe familial s’est évidemment agrandi pour se classer au troisième rang du marché des infusions et tisanes derrière deux multinationales, Lipton et Twinings. C’est donc le premier fabricant indépendant, qu’on va retrouver principalement en marque de distributeur (MDD), ainsi que sous sa marque propre en grandes et moyennes surfaces, mais aussi dans des réseaux spécialisés, pharmacies et herboristeries.
Le segment bio en constante progression
Mais le directeur général de Pagès arrête là la comparaison. « Pagès se distingue par son modèle d’entreprise familiale, sa production hybride combinant marques distributeurs et nationales, et son engagement envers le bio et la production française, tout en restant agile grâce à une innovation continue et une stratégie de décarbonation. » L’entreprise familiale accélère sur le bio avec aujourd’hui presque 40 % des ventes. « Cette hybridation, elle vous donne des forces. Vous êtes beaucoup plus agiles. »
Aujourd’hui, l’approvisionnement en thé provient principalement des trois premiers pays producteurs – la Chine, l’Inde, le Sri Lanka – tandis que les infusions utilisent environ 150 plantes de divers pays, telles que la verveine au Paraguay, la menthe d’Égypte et dans les pays de l’Est, l’hibiscus au Nigeria et au Soudan, le rooibos en Afrique du Sud, avec une attention particulière à la qualité et au respect des normes sociales et environnementales.
Thomas Auriau est donc fier de relocaliser et développer des filières françaises, notamment dans la Drôme. « En 2024, c’est 30 % de mon chiffre d’affaires d’infusion qui est réalisé en France sur la marque Pagès. D’ici à 2028-2030, ce sera la moitié. » Cette démarche s’accompagne d’un label clair pour le consommateur, indiquant l’origine française des plantes utilisées. Dans le catalogue de la PME au- vergnate : des infusions – feuilles d’oranger, fenouil, réglisse, lavande… –, infusions à froid, bien-être, après-repas, nuit, détox, drainage, des thés – Earl Grey, vert, men- the, noir… Pagès sort deux à trois nouveaux thés et infusions chaque année. Depuis la crise du Covid, les tisanes séduisent un nombre croissant d’amateurs. « On se rend compte que le marché des infusions est un segment qui intéresse beaucoup d’investisseurs parce qu’il est en croissance – 6 % cette année et sur les dix dernières années – surpassant celui du thé, attirant ainsi de nouveaux consommateurs, notamment les jeunes », se félicite le dirigeant de l’entreprise familiale. Ce qui intéresse les gens, ce n’est plus la verveine de Mamie, le fameux pisse-mémé ! »
Bannir la cellophane et le plastique
Pagès se positionne en innovateur constant, en développant de nouvelles recettes chaque année, inspirées par les tendances du marché et les préférences des consommateurs. Des produits qui attirent désormais un public plus jeune, soucieux de sa santé, en quête de produits naturels et de produits sans théine qui ne noircissent pas les dents. L’accent est mis sur des tendances gourmandes et parfumées à base de betterave, de yuzu, de mandarine ou de fruits rouges et de plus en plus sur des infusions à froid.
L’entreprise du Puy-en-Velay s’agrandit donc pour faire face à la demande en s’équipant d’une nouvelle ligne de production avec un investissement de 4 millions d’euros en 2025.
L’innovation de Pagès repose aussi sur une démarche environnementale ambitieuse. « On a été les premiers, il y a quinze ans, à retirer la cellophane des boîtes de thé et à passer ensuite aux emballages sans plastique », se souvient Thomas Auriau. Ses sachets de thé sont en fibres végétales 100 %, non blanchis au chlore. Il investit également dans l’installation d’ombrières photovoltaïques pour l’autoconsommation énergétique, ou de LED sur les 13 000 m2 de toute l’usine, et mise sur le recyclage des déchets afin de limiter les pertes de plantes dans le cycle de production. « On est en train de voir si sur des analyses de cycle de vie, on ne peut pas privilégier certaines origines afin de continuer à diminuer l’impact. »
D’ici à 2028-2030, ce sera la moitié de mon chiffre d’affaires d’infusion qui sera réalisée en France sur la marque Pagès.
