Catégories

PME

IL REINVENTE LES CUIVRES A LA FRANÇAISE

Réalisé par FABRICE LUNDY ET CAMILLE BOUR

Photos LIONEL GUERICOLAS

Ses créations sont des œuvres d’art: la Maison Leleu à Paris contribue à la richesse de notre patrimoine.
Son design a traversé plus d’un siècle. On retrouve son mobilier – luminaires ou tapis – sur le paquebot Normandie, à l’Élysée, à l’ONU, dans des ambassades, des boutiques comme Cartier et Lanvin: la Maison Leleu.

ALEXIA LELEU :  présidente de Maison Leleu.

Une histoire plus que centenaire qui se résume en trois mots selon Alexia Leleu, qui nous reçoit dans son showroom de la rue de Verneuil à Paris : « Luxe: grâce à l’attention dans chaque détail. Artisanat : grâce au savoir-faire précieux des plus grands artisans d’art. Art: avec des objets qui ont une forte valeur patrimoniale. »
Tout est dit pour ces créations d’exception tels, le fauteuil Colette, le buffet Vadim ou la console Christian. « Un style intemporel même si mon arrière-grand-père fut un pionnier de l’art déco », ajoute-t-elle.

Une marque historique

Son arrière-grand-père, c’est Jules Leleu qui fonde en 1910 la Maison Leleu, historiquement avenue Franklin-Roosevelt à Paris et qui se distingue par ses collections de mobilier en bois précieux. Un style Leleu – qui devient une signature –, très recherché au XXe siècle et poursuivi par Jean, son fils. En 1959, trois tables gigognes laquées furent réservées avec un chèque de 150 dollars par Mrs Arthur Miller, plus connue sous le nom de Marilyn Monroe.
Ses créations attirent les amateurs d’art de la planète entière ainsi que les grands de ce monde comme l’Empereur du Japon, ou le shah d’Iran qui firent une importante commande à l’occasion de la célébration, à Persépolis, du 2500e anniversaire de la fondation de l’Empire perse en 1971… mais sans la régler. Du coup, la célèbre Maison Leleu dut fermer un an plus tard. L’aventure se termine.

Pas tout à fait car quarante-cinq ans plus tard, une pharmacienne, passée aussi par l’Essec, fait revivre la prestigieuse enseigne: c’est Alexia Leleu qui mène depuis huit ans une brillante carrière dans le grand laboratoire pharmaceutique américain Bristol-Myers Squibb (BMS), comme directrice marketing dans l’immuno-oncologie. Pas du tout malheureuse chez BMS, la trentenaire ressentait néanmoins un besoin d’être à son compte, sans savoir où exactement. Le hasard faisant bien les choses, elle rencontre une ancienne collaboratrice de la célèbre maison, Françoise Siriex, âgée de 90 ans, qui lui remet un jour les seules archives restantes de sa famille.
Le reste avait été jeté à la décharge lors de la faillite. C’est la révélation: elle décide de relancer la marque. Chez Bristol-Myers Squibb, ses managers l’aident à franchir le pas. « Je les adore toujours », confie-t-elle émue, six ans après. Un an après son départ, elle est diplômée, en septembre 2018, de la prestigieuse École Boulle.

« Mon ambition, c’est de redonner la place qu’avait ma famille dans le monde et de perpétuer le savoir-faire français à l’international », raconte celle qui désormais s’est fait un prénom.

Comment ? En ne choisissant des artisans – laqueurs, ébénistes, menuisiers, céramistes – qu’en France (Ile-deFrance ou Normandie), et les verriers et les marbriers, en Italie.

Chacune des pièces est fabriquée sur mesure, signée et éditée en un nombre limité, toujours avec des matériaux nobles et des finitions d’exception : bronze doré, bois essence fine. « Nous sommes reconnus comme des décorateurs d’exception », précise celle dont la Maison fut l’une des premières à faire partie du comité Colbert qui rassemble les grandes maisons françaises de luxe.

« Mon ambition : redonner la place qu’avait ma famille et perpétuer le savoir-faire français à l’international. »

Favoriser les métiers d’excellence

Il peut s’agir d’une réinterprétation d’un élément de la collection à partir des archives. « C’est par exemple un client qui va aimer un fauteuil de salon mais il le voudrait en canapé », explique Alexia Leleu dont les équipes savent faire preuve de réactivité.

Réinterprétation mais aussi création originale. Sa première collection est sortie il y a un an. Son inspiration, elle la puise partout, d’un dessin d’enfant, d’un tableau ou d’une forêt. Comptez aux environs de 2500 € pour une chaise de salle à manger, 6 000 € pour une table basse en laque et 40 000 € pour une table avec extensions.

Celle qui en ce début d’année vient de passer son diplôme d’architecte d’intérieur souhaite participer à la mise sous projecteurs des métiers d’excellence et l’apprentissage. Alexia Leleu a noué un partenariat avec La Bonne Graine, une école qui forme ébénistes et bronziers d’art. Elle y donne des conférences sur l’art déco et prête ses archives pour comprendre la complexité des meubles. Mais il y a encore beaucoup à faire selon elle.
Elle a d’ailleurs eu l’occasion d’échanger en février avec Brigitte Macron, « une dame soucieuse de l’art et de l’artisanat ».

Partager cet article
Partager cet article

Vous pouvez retrouver cet article dans la revue :

ECO KEYS #4

Commander sur Fnac Commander sur Amazon Commander sur Cultura

Temps de lecture : 3 mins