La directrice générale de Caplain, Valérie Renard, ne cache pas sa fierté : « Si vous passez une nuit dans un palace à Dubaï, il y a de grandes chances pour que les croissants du petit déjeuner soient fabriqués grâce à l’une de nos machines ! »
Caplain Machines, c’est l’histoire d’une petite entreprise française de Brie-Comte-Robert en Seine-et-Marne qui équipe des boulangeries, des pizzerias et des hôtels dans le monde entier. « Nos clients pensent souvent qu’on est une multinationale. Mais jusqu’à l’an dernier, nous n’étions que huit collaborateurs ! »
L’entreprise naît en 1947, à Paris, lorsque Paul Caplain invente le tout premier laminoir. D’abord manuel, puis électrique. La machine va changer la vie des artisans-boulangers : fini le rouleau à pâtisserie, le laminoir permet de travailler et d’étaler les centaines de kilos de pâte nécessaires à la fabrication des viennoiseries et autres pâtisseries. Au pays de la baguette, le succès est immédiat!
Fabriquer du bon pain comme chez nous
« L’entreprise a vite compris l’enjeu de la diversification », explique Valérie Renard. Après les laminoirs, Caplain se met à fabriquer des batteurs, des pétrins, des diviseuses, des façonneuses… « Aujourd’hui, nous sommes capables de proposer des solutions clés en main, en s’adaptant constamment. On a ainsi développé des fours modulables et des batteurs capables de brasser jusqu’à 140 litres de produit à destination de la grande distribution. »
Mais ce qui a vraiment propulsé l’entreprise, c’est l’export. En 1987, le propriétaire de Caplain cède son entreprise à son neveu, Guy Richard, qui durant sa première vie professionnelle fait de très nombreux déplacements et il en garde une conviction: partout dans le monde, on mange du pain, mais nulle part, ce pain n’est aussi bon qu’en France. Précurseur, le nouveau dirigeant sent qu’il y a une carte à jouer : le « Made in France ». « L’idée, c’était de convaincre les clients de tous les continents que si le pain était si bon en France, c’était grâce aux machines Caplain », commente Valérie Renard.
Et c’est à elle qu’il va confier cette mission. « Je suis arrivée chez Caplain un peu par hasard, en 1993. Le propriétaire du centre équestre pour lequel je travaillais – un Américain – avait décidé de repartir aux États-Unis pour se présenter aux élections. C’est l’ANPE qui m’a envoyée chez Caplain, pour un poste d’assistante commerciale. » Le coup de foudre est immédiat et réciproque.
« À chaque fois que le tourisme se développe dans un pays, les hôtels de luxe s’équipent de nos machines. »
Des baguettes croustillantes dans les palaces du mond entier
« À l’époque, Caplain réalisait 20 à 25 % de son chiffre d’affaires à l’international, principalement en Europe. J’ai regardé sur quel salon professionnel je pouvais me rendre : le premier dans le calendrier avait lieu à Dubaï », se souvient-elle. Elle est alors la toute première femme à en fouler les allées, avant d’en repartir avec les premières commandes du MoyenOrient. « À chaque fois que le tourisme se développe dans un pays, les hôtels de luxe s’équipent de nos machines. Au Qatar, par exemple, la quasi-totalité des établissements en ont acheté juste avant le Mondial. » Partout, la marque est une référence. Aujourd’hui, Caplain est présente dans 120 pays et réalise plus de sept ventes sur dix à l’export. « Et on est encore qu’à 20% de notre potentiel ! », se réjouit la directrice générale.
Son objectif est de doubler le chiffre d’affaires pour le porter à 10 millions d’euros d’ici à trois ans. Pour cela, Caplain Machines mise sur la croissance externe comme elle l’a fait l’an dernier, en rachetant Panirecord, un gros acteur tricolore, qui lui permet de renforcer sa production 100 % « Made in France » après le rapatriement des activités d’une usine au Portugal. « Une immense satisfaction », se félicite Valérie Renard.
Le prochain chantier sera de développer des machines plus économes en énergie et de réaliser de nouvelles acquisitions, mais aussi de continuer à conquérir de nouveaux marchés. Avec le soutien du Medef, Valérie Renard a créé un consortium de PME pour partir à la conquête des marchés africains de l’hôtellerie : « On emmène des entreprises françaises capables de fournir des matelas, des draps, du matériel de sport,etc., et on les fait bénéficier de notre réseau. » Et de conclure: « Je suis fière d’être l’une des porte-parole de cette génération qui n’a pas peur de dire : “Je suis un industriel français” ».