Son directeur général, Philippe Dénecé, le prétend : « Depuis soixante-dix ans, nous sommes allés au rendez-vous de nombreuses transformations dans le domaine de l’énergie. » Changement de nom, fin 2022, pour le groupe Muller devenu intuis (« à la manière intuitive »).
Né sous la houlette de la famille Teurquetil, c’est au départ en 1950 un atelier familial d’électroménager dans la Marne qui montera en puissance dix ans plus tard quand il faudra adapter tous les appareils de 110 à 220 volts.
La première usine naît à Fismes. Viendront, en 1970, le rachat de Noirot, marque spécialisée dans le chauffage électrique, puis de Airelec, et de Auer bien connu par le bec à gaz à lumière blanche.
intuis pèse 220 millions d’euros de chiffre d’affaires, une hausse de 30 % l’an dernier. Il est présent dans le résidentiel, l’industrie et le tertiaire : pompes à chaleur sur boucle d’eau, pompes à chaleur haute température, chauffages électriques connectés, chauffe-eaux thermodynamiques, sèche-serviettes.
Relocalisation d’Europe de l’Est vers la Picardie
Tous sont produits en France, au sein des six usines implantées dans le Grand Est, les Pays de la Loire et surtout en Picardie.
Un parti pris qu’assume le directeur général qui, il y a deux ans, a rapatrié de Serbie les cuves émaillées équipant ses pompes à chaleur : « On a souhaité cette relocalisation pour être sur des circuits courts – fabrication, recherche, fonderie, soudure, émaillerie. » À coût constant puisque la ligne d’émaillage est automatisée et que les frais de transport sont réduits. D’ailleurs, grâce à Auer qui représenta le département de la Somme lors de la Grande Exposition du Fabriqué en France, l’Élysée a pu exposer, il y a deux ans, son produit vedette, la pompe à chaleur haute température HTi70 !
Pour le groupe, le marché des pompes à chaleur qui détrônent les traditionnelles chaudières représente un taux annuel de croissance de 30 %, les besoins au niveau national étant estimés à 200 000 unités par an.
Repérer une personne dans une pièce
Nouveau nom, nouvelle organisation, et une réflexion à poursuivre dans un contexte de crises. Celle du Covid durant laquelle la population a redécouvert sa maison… celle du réchauffement climatique et aussi, depuis un an, les tensions géopolitiques avec la guerre en Ukraine.
«Nous sommes à un moment clé de notre histoire, avec des ambitions qui prônent le confort de vie et la sobriété énergétique », revendique Philippe Dénecé qui conduit depuis deux ans une transformation profonde de la société.
«Depuis soixante-dix ans, nous sommes allés au rendez-vous de nombreuses transformations dans le domaine de l’énergie.»
Plus de confort et moins d’énergie, voilà à quoi intuis est confronté. « Nous travaillons sur des outils et des gaz les plus décarbonés comme le propane », spécifie-t-il. Il est ainsi le seul acteur présent dans les logements collectifs avec des solutions compatibles avec les normes RE2025, en collaboration par exemple avec Nexity. intuis est un pionnier dans le chauffage connecté afin de piloter à distance un radiateur via son smartphone. Il a d’ailleurs inauguré, il y a cinq ans à Laon, le Creativ Lab « la cheville ouvrière de ce qu’on fait en termes d’innovation» et plusieurs de ses produits ontreçu les honneurs du CES de Las Vegas. Le Lab étudie les interactions entre les bâtiments, leur environnement et l’utilisateur. « Nous avons la capacité de simuler plusieurs climats, plusieurs taux d’humidité », poursuit-il. Le même radiateur va s’arrêter si une fenêtre est ouverte, si personne n’est détecté dans la pièce, ou même au Japon se mettre en veille s’il détecte un séisme.
intuis ouvre son centre de formation
Une solution pour économiser l’énergie mais aussi pour répondre plus vite aux pannes : «La durée d’acceptation par un client est très courte. On ne supporte plus d’avoir un chauffe-eau qui s’arrête 24 heures. Le chauffagiste peut ainsi réagir en fonction des données qu’il reçoit et facilement intervenir. » Pour accompagner ses ambitions, intuis a recruté 200 nouveaux collaborateurs en CDI en 2022, soit 20% d’effectifs supplémentaires. « Le recrutement est difficile notamment parce que nous sommes présents dans des villes moins peuplées dans des bassins d’emploi concurrentiels. C’est un enjeu majeur pour nous. Nous voulons attirer des gens motivés qui désirent donner un sens à leur travail et leur offrir un parcours », mentionne Philippe Dénecé.
Le groupe a donc créé son propre centre de formation pour plombiers, électriciens et frigoristes à Feuquières et à Laon.