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Reportage

Bienvenue à Vancouver

Réalisé par ALOÏS GALLET

Entre mer et montagne, ce joyau urbain niché aux confins du Grand Ouest Canadien continue de faire rêver des voyageurs du monde entier.

Incontestablement, c’est par les airs que l’arrivée à Vancouver est la plus spectaculaire ! Logée au pied des montagnes recouvertes de cèdres, bordée par les eaux bleu marine du Pacifique… on aperçoit au loin de grandes terres qui forment l’archipel et l’île de Vancouver. Dans ce cadre super naturel et surdimensionné aux parfums de bout du monde se tient encore aujourd’hui un centre urbain aux atouts exceptionnels, mélangeant les arts, l’industrie, le tourisme et le plein air.

Débarquer à l’aéroport « YVR » (waivi-a) est une récompense en soi. Au calme des moquettes toujours propres, le voyageur est accueilli par une police des frontières aux visages souriants, et comme l’image de ses citoyens : issue de la planète entière.

Parmi les villes les plus agréables au monde

Il n’est pas rare de croiser ici des immigrés qui racontent comment ils sont « tombés en amour » de cette ville : propre, écologique, calme et « sécuritaire » comme disent les cousins québécois. Selon le classement annuel réalisé par le magazine britannique The Economist, Vancouver est régulièrement citée parmi les dix villes les plus agréables au monde. Avec 700 000 habitants dans une agglomération qui atteindra bientôt les trois millions d’âmes, Vancouver reste une ville nord-américaine moyenne : vivable, respirable, pratique.

Même si la ville reste un haut lieu de la voiture individuelle, et de plus en plus souvent électrique, les transports publics fonctionnent parfaitement grâce au fameux SkyTrain – un métro aérien sans machiniste – qui dessert toute l’agglomération. Au début des années 2010, la municipalité avait promis de faire de Vancouver la ville la plus verte au monde en 2020 : réduction des émissions carbone, stratégie zéro déchet, compostage obligatoire, pistes cyclables et espaces verts. Le résultat saute aux yeux : malgré le développement immobilier, la canopée urbaine et les espaces verts continuent de rafraîchir la cité ; malgré l’accroissement démographique, nombreux sont les lieux où vous ne verrez pas un papier traîner. Entre les eaux et la terre, le Seawall est une ceinture réservée aux modes de transport doux et aux piétons qui permet de faire le tour de la ville pour l’admirer sous toutes ses coutures. Pour prendre l’air de Vancouver, rien ne vaut une sortie sur le Seawall.

D’ailleurs, la qualité de l’air est parmi les toutes meilleures au monde ! En temps normal, grâce aux vents favorables et aux forêts, les alertes à la pollution sont rares et l’oxygène est abondant. Le poumon vert de Vancouver est aussi son principal attrait : le Parc Stanley. Comme une presqu’île naturelle accrochée à une presqu’île urbaine, The Stanley Park est une véritable forêt de plus de 400 hectares. Un demi-million d’arbres constituent l’habitat naturel du castor, du raton laveur ou encore du coyote. On peut également y voir l’aigle à tête blanche, le grand héron, ou le cormoran pour le bonheur des amateurs d’ornithologie, des promeneurs ou des familles qui y pique-niquent chaque week-end. Malgré l’intense trafic routier, qui coupe le parc en son milieu pour connecter avec la rive nord, la faune et la flore sauvage demeurent encore en bonne santé.

Parmi les plus athlétiques…

Ici, l’aube est signalée par les hurlements des goélands – ces grosses mouettes au bec jaune – ainsi que par le balai des sportifs matinaux. En été, ce sont les clubs de cyclistes en cuissard, casqués et chaussures pour pédales automatiques, qui accaparent la boucle de 14 kilomètres du Stanley Park. Les nageurs, quant à eux, réservent leur place plusieurs jours à l’avance pour s’entraîner dans le grand bassin de la piscine extérieure chauffée du Stanley Park à Second Beach. Quant aux coureurs, ils prennent d’assaut le Seawall en collant et chaussures haut de gamme, sans oublier leur montre intelligente. Ici on cultive le corps, la santé et le style. En hiver, cette attirance pour les efforts matinaux se confirme dans les salles de sport où les athlètes sont accueillis dès 6 h. Au travail, beaucoup de Vancouverites embauchent très tôt le matin afin de pouvoir se synchroniser avec les « équipes de l’est », c’est-à-dire, les collègues installés à Toronto, Montréal ou à Québec qui ont trois heures d’avance du fait du décalage horaire. En hiver, les adeptes des sports d’hiver peuvent, quant à eux, profiter du ski nocturne offert dès 17 h, dans les stations locales de Cypress, Grouse et Seymour, situées à seulement quarante minutes du centre-ville, et ouvertes jusqu’à 22 h. Il y a tant à faire à Vancouver ! Une chose est sûre, les sportifs qui posent un jour leurs valises dans cette ville, ont énormément de mal à la quitter.

… et les plus diverses

Avec un si joli cadre de vie, Vancouver attire des familles, des professionnels et des étudiants du monde entier. Cette immigration est une aubaine non seulement économique, mais aussi démographique. D’après le dernier recensement provincial, avec un taux de fertilité de seulement 1,1 enfant par femme, l’accueil des immigrants est une absolue nécessité. Pour faire venir et faire rester les immigrants du monde entier, c’est une politique d’immigration singulière qui a été choisie.

À la différence du melting-pot à l’américaine, le multiculturalisme à la canadienne est une mosaïque. Dans cette mosaïque canadienne, ce n’est pas le brassage ethnique ou l’assimilation nationale qui est recherchée, mais bien de faire de la place à chaque groupe ethnique, linguistique et culturel pour qu’ils puissent se constituer, s’organiser et vivre les uns à côté des autres. « J’ai quitté l’Iran pour la Turquie, puis le Canada pour des raisons économiques, explique Mahsa, professeur d’anglais. Avant de pouvoir exercer mon métier, j’ai dû retourner à l’université pour obtenir des certificats canadiens qui coûtent très cher ! Je n’étais à Vancouver que depuis deux semaines quand les manifestations Femme-Vie-Liberté de 2022 ont éclaté. Mes professeurs canadiens ont été extrêmement gentils et compréhensifs. Les Iraniens ont pu manifester pacifiquement par milliers à Vancouver. J’ai vu comment les politiques canadiens écoutaient et soutenaient notre communauté. » Pour Mahsa, les étrangers ont leur chance à Vancouver et ils sont respectés : « La seule fois où un commentaire raciste a été prononcé en ma présence, c’était un homme complètement ivre au fond d’un bus. Et ça n’a pas duré longtemps puisqu’un autre passager l’a immédiatement confronté. » À moins d’être un descendant des peuples autochtones, tout le monde au Canada, résident étranger ou citoyen de plein droit, est issu de l’immigration.

Sur le territoire autochtone

Le concept de mosaïque s’imbrique dans un contexte marqué par l’histoire des peuples autochtones. Après un long et difficile passé colonial de ségrégation, les peuples des Premières Nations, des Métis et des Inuits et leur histoire sont reconnus par le gouvernement du Canada. Ces peuples se considèrent comme les gardiens de la nature et ils ne manquent jamais de rappeler qu’ils ont vécu en paix et en harmonie avec tous les autres vivants pendant des millénaires.

Il existe en Colombie-Britannique (BC) plus de 200 groupes ethniques appartenant aux Premières Nations. Par respect et dans un esprit de réconciliation, toute prise de parole publique à Vancouver doit débuter par une reconnaissance solennelle : « Nous reconnaissons que nous sommes réunis aujourd’hui sur le territoire traditionnel et non cédé des nations Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh. » Cette formule rappelle à la fois que les peuples des Premières Nations ont précédé les colons, qu’ils n’ont jamais ni vendu ni perdu leurs terres, et qu’ils disposent d’un droit à exercer leurs rites et leurs traditions

De nombreuses croyances autochtones sont imprégnées de gratitude envers la nature et les espèces. L’eau, la terre et tous les êtres vivants sont considérés comme un don, si bien que le concept de propriété privée leur a longtemps été étranger. Si la culture autochtone tranche et parfois s’oppose aux valeurs du reste de la société canadienne, c’est pourtant une logique de réconciliation et de compréhension qui prévaut. Le système éducatif provincial a récemment rendu l’éducation autochtone obligatoire pour les lycéens.

Une ville chère

Le temps d’un voyage à Vancouver permet de faire le constat : le « coût de la vie » est très élevé ! Si le prix des aliments de base et celui de l’énergie restent relativement raisonnables (le litre d’essence est actuellement à $1,90 en incluant la taxe carbone, soit 1,27 €), c’est le prix du logement qui est au cœur de toutes les discussions. Depuis les années 1970, les urbanistes ont inlassablement construit toujours plus de logements pour densifier la ville tout en protégeant le cadre de vie. Une réglementation relative aux cônes de vue a même été élaborée en 1989. Il s’agissait de normes municipales destinées à éviter que la construction d’un nouveau bâtiment de grande hauteur vienne gâcher la vue du voisinage. La vue sur la mer, les montagnes et les couchers de soleil était considérée comme un patrimoine commun à partager.

Vivre ici a un coût : pour louer un appartement avec une chambre dans les quartiers sympathiques du West End, Kitsilano ou Olympic Village, comptez $2 400 (soit 1 600 €). Pour deux chambres, on passe à $3 600. Pour acheter l’appartement d’une chambre, il en coûtera un demi-million de dollars (330 000 €). Et les prix n’ont cessé d’augmenter. « Aujourd’hui, les propriétaires des maisons achetées peu chères avant les Jeux olympiques de 2010 veulent tirer le maximum de profit lors de la revente », explique Wilfried, agent immobilier francophone. Une bulle immobilière s’est formée et inquiète désormais les propriétaires comme les locataires qui se voient répercuter les effets de la bulle. Jeunes, immigrants et célibataires dépensent souvent plus de la moitié de leurs revenus dans le loyer. Or, autant de revenus injectés dans le logement c’est autant de revenus qui ne sont pas injectés dans l’économie locale. Les commerces s’en rendent compte : « Non seulement il y a des jours où je ne vends plus tous mes croissants, mais il devient difficile de recruter. À cause du prix des logements, les candidats exigent des salaires qui vont bien au-delà de ce que je peux offrir », confie un pâtissier français.

Une destination de détente

Heureusement, Vancouver a de quoi faire oublier ses désagréments. Verte. Vibrante. Alléchante. Pour profiter au maximum des atouts de la destination, mieux vaut choisir les mois d’été. Dans cette configuration, essayer les différentes plages est une excellente option. À chaque plage son identité. Celle de Kitsilano est de loin la plus jeune, la plus animée et la plus compétitive grâce à ces tournois fameux de beach volley qui attirent des joueurs de tout le pays. La plage de Jericho est la plus scénique pour admirer les trois sommets de Vancouver : Cypress, Grouse et Seymour qui en hiver se transforment en stations de ski repérables depuis la plage puisque les luminaires qui éclairent la piste restent allumés toute la nuit. Enfin, la plage d’English Bay est le choix des amateurs de coucher de soleil, à moins que ce ne soit celle de Wreck Beach : la plage la plus sauvage et la plus difficilement accessible puisqu’elle se cache au bout d’un escalier de 400 marches, dissimulé à derrière l’université. Ce n’est jamais tout à fait clair pour les visiteurs, mais c’est aussi la plage des nudistes !

Pour les amateurs d’arts culinaires et de bonnes tablées, c’est dans le vieux Gastown que Vancouver se révèle. Les murs de brique rouge et les pavés qui recouvrent la chaussée donnent de faux airs de rues piétonnes à ce quartier. Et c’est là que sont installés les boutiques à la mode, les galeries artistiques et les restaurants renommés. Si la cuisine canadienne semble encore aujourd’hui en quête d’elle-même, l’immigration historique et récente de Vancouver a généré une cuisine aussi qualitative que variée. On dit parfois que c’est à Vancouver que l’on trouve les meilleurs sushis au monde hors Japon : le riz et le thé sont importés mais les chefs japonais sont bien authentiques, tout comme le saumon frais et local qui est proposé. Il en va de même pour le café qui est consommé toute l’année et sans modération. Les torréfacteurs disposent de petites devantures avec pignon sur rue où sont proposés les mélanges de cafés qu’ils ont torréfiés en arrière- boutique. Dans ces coffee bar, on croise souvent des professionnels indépendants qui travaillent sur leur ordinateur portable ou rencontrent leurs prochaines recrues ou leurs clients.

Enfin, s’il y a un produit bien local qui suscite l’intérêt du public comme des entrepreneurs canadiens, c’est la bière. Vancouver voue un véritable amour à la production de bières artisanales depuis les années 1990. Les microbrasseries fonctionnent si bien qu’elles peuvent s’offrir des locaux en pleine ville pour produire et vendre directement au client en avant-boutique (comme pour les torréfacteurs), et distribuer en arrière-boutique via le réseau sous licence officielle des liquor stores. Lager, Pale Ale, IPA ou Hazy Ale, la carte des bières offertes à la pression aura de quoi impressionner même les plus grands voyageurs.

Vancouver a de nombreux atouts, et ce n’est pas sans raison qu’elle attire comme un aimant les visiteurs, les investisseurs et les candidats à l’immigration. Cette destination est une véritable source d’inspiration, tant au sens propre qu’au sens figuré, étant donné qu’elle est le troisième plus grand centre de production cinématographique en Amérique du Nord. Les blockbusters comme Deadpool, Godzilla et Fifty Shades of Grey y ont été tournés, contribuant à sa renommée internationale.

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