François Excoffier est né dedans comme il le dit. À l’époque, les enfants vont à l’école le mercredi et c’est donc le jeudi qu’il sillonne les dédales de l’entreprise familiale, créée en 1971 à Groisy près d’Annecy par son père et son oncle qui ont aussi une ferme dans les alpages.
« Cela donnait lieu à une journée un peu cocasse. Le matin, on trayait des vaches, la journée on ramassait de la ferraille, et le soir on s’occupait à nouveau des vaches », se souvient ému celui qui règne sur cet acteur incontournable du recyclage dans la région.
À l’époque l’entreprise des deux frères, Jean et Georges, est spécialisée dans la récupération de déchets métalliques en Savoie et Haute-Savoie pour l’industrie du décolletage très vivace dans la région, qui fabrique vis et écrous.
Le terrain de jeux d’Excoffier est resté cet arc alpin : pays de Gex, les Deux Savoie, la région du Léman, par attachement et aussi compte tenu des coûts de fonctionnement spécifiques à cette région frontalière aux salaires élevés.
Aujourd’hui, les fils François et Jean-Philippe Excoffier ont élargi leur périmètre au tri à la récupération et le traitement des déchets.
L’une des prouesses de la société, ce fut il y a 20 ans, le démantèlement de l’accélérateur de particules du CERN.
« Un peu comme si nous devions démonter la tour Eiffel », expliquait à l’époque François Excoffier.
La tech au service du recyclage
Depuis vingt ans, l’entreprise n’a cessé de se moderniser et de se diversifier offrant une multitude de services à ses 6 000 clients, qu’ils soient professionnels, collectivités ou particuliers.
Son arme : la Bise ! Une chaîne de tri high tech qui, équipée de grappins, d’aimants, d’aspirateurs à poussières et de capteurs optiques, peut séparer les plastiques, le carton et le papier, trier jusqu’à 35 tonnes de déchets par heure et valoriser gravats, plastiques, ferraille, ce qu’on appelle les déchets industriels banals (DIB).
Le groupe d’Annecy propose d’autres services comme des chantiers éco-responsables pour les professionnels du BTP, la mise en place d’une mini-déchetterie, la démolition des bâtiments industriels ou encore le rachat de ferraille et métaux. Le particulier n’est pas oublié, puisque Excoffier Recyclage peut reprendre un véhicule hors d’usage.
ire depuis ses débuts. C’est une fierté d’avoir cinquante ans de bilans positifs derrière nous. Une gestion en bon père de famille ! », se félicite François Excoffier, son président.
Innovations et ski pour le futur
L’entreprise mise beaucoup sur la recherche et développement (R&D). Elle est par exemple capable de séparer fibre de papier et fibre de carton… une première mondiale ! Des innovations nécessaires pour préparer l’avenir de la filière, ce qui fait s’interroger François Excoffier : « On fait beaucoup de prospectives sur l’avenir de notre métier. Le marché des déchets diminue avec l’allégement des matériaux, l’amélioration des process industriels. Une bouteille d’eau en plastique par exemple est la même qu’il y a 10 ans, il y a toujours un litre d’eau dans la bouteille, la seule différence c’est au niveau du poids, elle est quatre fois plus légère. »
Alors, pas question de s’arrêter d’innover. Les chantiers s’enchaînent tous azimuts : un partenariat avec une ferme qui fabrique de la tomme de Savoie pour monter une usine de méthanisation ou une unité de recyclage industriel à la Croisée de la Semine pour fabriquer de la matière première secondaire, du minerai, à partir de nos déchets.
François Excoffier est très impliqué dans cette filière au point qu’il a pris pour un mandat de trois ans les rênes de la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec) représentant plus de 1 000 entreprises du secteur.
Impliqué aussi dans la vie locale. Excoffier c’est aussi la Team Excoffier pour aider les jeunes skieurs français en manque de sponsors, et les faire monter sur les podiums. Le patron éclectique du groupe se justifie : « Le ski fait partie de notre ADN. C’est le sport national des Savoyards et ces jeunes avaient du mal à financer leur saison – environ 8 000 euros à l’année. La plupart arrêtaient pour être moniteurs ou continuer leurs études. » Sa dernière recrue vient de Méribel : Augustin Bianchini. Il faudra la surveiller cet hiver.
« Le marché des déchets diminue avec l’allégement des matériaux, l’amélioration des process industriels. Une bouteille d’eau en plastique par exemple est la même qu’il y a 10 ans, il y a toujours un litre d’eau dans la bouteille, la seule différence, elle est quatre fois plus légère. »